Belle-Noë: sa restauration

Belle-Noë est plantée sur une petite colline à 3 km au sud de Dol de Bretagne, sur la route d’Epiniac. Des panneaux indicateurs vous guideront. Elle est entourée de verdure et présente des vues dégagées sur les horizons. Rien de rappelle la modernité dans ce paysage qui offre ainsi un cadre en totale harmonie avec le manoir, et un grand calme règne sur les lieux.

Il fallait une bonne dose d’inconscience et être sous le charme irrésistible de la demeure pour se lancer dans l’aventure d’une restauration. Il fallut ensuite une obstination sans faille et la légendaire patience de Marie-Laure pour continuer et voir enfin Belle-Noë retrouver ses habits de lumière.

 

En 2005, le domaine s’offrait aux visiteurs dans un état d’abandon surréaliste: Une plongée dans un passé encore étrangement présent. rien n’avait été changé depuis des lustres, seuls les hommes avaient quitté les lieux, et encore….la sensation d’être observé, d’entendre des chuchotements inaudibles et l’intime conviction d’être invité à rester nous accompagnaient à chacun de nos pas. Nous avons répondu à cette irrésistible invitation…d’autant qu’à cette époque, j’étais invité à quitter ce qu’on appelle la vie active !

 

Acquise à l’été 2005, ce n’est que le 10 juillet 2006 que nous avons posé nos baluchons. Il faisait beau et chaud. L’enthousiasme et la certitude de réussir à franchir les obstacles ont atténué la vie spartiate des premiers mois passés dans la cave, seule « pièce habitable » (ancienne cuisine des domestiques) et pas trop froide du manoir.  Pendant que Marie-Laure apprenait à lire, compter et écrire à ses bambins de l’école primaire de Dol, j’exerçais mon nouveau métier d’artisan restaurateur. Plus que toute autre activité, il mit mes mains au service de ma tête. Au printemps 2007, la chambre de Robert Surcouf était restaurée et Marie-Laure avait une belle cuisine et une salle de bains très mignonne. Nous avons alors quitté la cave pour monter dans les étages.

De cette nouvelle plate-forme, j’effectuais les premiers travaux dans chaque pièce, passant de l’une à l’autre sans jamais finir la première: passer les gaines et tirer les fils électriques, refaire ou réparer les plafonds, déposer les lambris abîmés pour refaire la chaux sur le mur et reposer les lambris après les avoir réparés…. et … et…

Salons et chambres sont longtemps restés en chantier avant que vienne le temps de la récompense, celui du pinceau qui trace la peinture sur les boiseries grattées, poncées, enduites et reponcées…

à l’extérieur nous avons mis la charrue avant les boeufs en créant dès 2005/2006 un jardin à la française à la place du champ à vache devant le perron ouest. Il était cependant indispensable au moral, et y poser son regard renouvelait la promesse d’une résurrection à venir. Pour les enduits des façades et la couverture de la toiture, les conseils des architectes des bâtiments de France furent précieux, même si la méthode et les relations ne furent pas toujours des plus agréables… notons au passage une « étude préalable », commandée à un architecte du patrimoine, très coûteuse et dont seuls les croquis côtés on été utiles, mais passons car c’est du passé et seul compte le chemin parcouru.

à l’automne 2008, après quelques orages d’été qui firent voler les bâches au vent et ouvrirent Belle-Noë aux trombes d’eau ( frayeurs…), une nouvelle couverture d’ardoise (d’Angers) clouées sur voliges nous abritait pour au moins 150 à 200 ans.

à l’automne 2009, après avoir gratté l’ancien enduit ou ce qui en subsistait (mise à nue, Belle-Noë était elle était très belle), ce fût au tour des façades de retrouver leurs beaux habits du début du XVIII à la chaux et sable coquillé dont quelques traces conservées ici et là m’avaient permis de définir avec précision les décors de cette époque.

c’est enfin le 15 juin 2010 que nous avons organisé un cocktail de fin de chantier pour remercier les artisans, entreprises et les « officiels » ( commune, département, administrations) qui nous ont accompagné dans cette aventure. Ce fût aussi l’occasion de pendre la crémaillère avec nos voisins.

Mais temps que dure la vie et l’envie de la vivre, l’aventure continue….